Pékin prêt à un compromis pour assurer la trêve des changes
lundi 18 mars 2019, source : Les Echos
Les marchés anticipent un accord
dans les prochaines semaines entre
les Etats-Unis et la Chine sur le commerce,
comme l’a laissé entendre
Washington. Il pourrait intégrer
une clause de non-agression
mutuelle sur les changes. Sur le
modèle du pacte entre les Etats-
Unis et ses voisins canadien et
mexicain, la Chine s’engagerait à ne pas procéder à des dévaluations
compétitives, comme elle l’a fait
entre 2003 et 2013 pour affaiblir le
yuan. Elle devrait faire preuve de
transparence et consulterait son
partenaire avant toute action. De
manière moins formelle et contraignante,
elle assurerait le service
minimum : une relative stabilité de
sa monnaie.
La Chine dispose de 3.090 milliards
de dollars de réserves de
change pour soutenir sa devise. Elle
a dépensé 1.000 milliards de dollars
en 2014 et 2015 pour freiner la
baisse du yuan face aux sorties de
capitaux. Cette stabilité globale du
yuan est dans son intérêt. « Le taux
de change réel de la monnaie chinoise
a gagné 60 % entre 2005 et 2015 et,
depuis, le pays a stabilisé sa monnaie
plus qu’il ne l’a dévaluée. Un yuan
stable plutôt qu’en baisse est favorable
à l’économie mondiale, et la Chine
n’a pas intérêt à affaiblir ses marchés
d’exportation étant donné l’importance
des exportations pour sa propre
croissance », constate Craig
Chan, stratège chez Nomura.
Depuis le début de l’année, le
yuan connaît une hausse généralisée.
Il a gagné près de 2,3 % par rapport au dollar, 3,7 % contre l’euro et
4 % par rapport au yen. « Il y a peu de
chances que la Chine promette de
faire remonter le renminbi, qui apparaît
déjà surévalué, et alors que son économie ralentit », juge Craig Chan. Le marché estime que la banque
centrale chinoise ne souhaite pas que le dollar descende sous la
barre des 6,70 renminbis. « La
Chine ne souhaite pas voir son excédent
commercial baisser encore, et
elle s’est satisfaite de la modeste
baisse du renminbi par rapport au
dollar depuis un an. Si elle stabilise sa
monnaie contre le billet vert et que ce
dernier progresse par rapport aux
autres monnaies comme l’euro ou
yen, le yuan progresserait aussi contre
ces dernières. La compétitivité de
la Chine et sa balance commerciale se
détérioreraient », estime l’économiste
Fred Bergsten sur le blog du
Peterson Institute for International Economics. En cas d’accord, la
Chine pourrait augmenter ses
importations des Etats-Unis. Elles
se substitueraient aux importations
d’autres pays, pénalisant leurs
devises.
Dans le secteur de la technologie,
ce sont le won coréen et le dollar de
Taïwan qui seraient affectés en cas
de chute des importations chinoises.
Dans les matières premières, le
dollar australien et roupie indonésienne
sont influencés par la
demande chinoise pour le charbon,
et c’est le cas du real brésilien pour
le soja.
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