La BCE promet 600 milliards d’euros de rachats d’actifs supplémentaires
mercredi 10 juin 2020, source : Investir, le Journal des Finances
La Banque centrale européenne a porté son PEPP, programme d’achats lancé début mars, de
750 à 1.350 milliards d’euros. De quoi financer les futures émissions de la Commission européenne.En quelques mois, Christine
Lagarde aura presque
fait oublier son
prédécesseur à la tête
de la Banque centrale européenne
(BCE), Mario Draghi.
Après quelques hésitations au
cours des premières semaines
de son mandat, elle a, depuis,
clairement imprimé sa marque.
Début mars, au grand soulagement
des marchés, la présidente
de l’institution monétaire a
lancé le PEPP (Pandemic Emergency
Purchase Programme),
un plan d’achats d’actifs financiers
de 750 milliards d’euros,
qui devaient être dépensés d’ici
à la fin de l’année 2020. Il s’ajoutait
aux 120 milliards annoncés
quelques semaines auparavant,
dont le montant avait été jugé
insuffisant par les marchés.
Jeudi, Christine Lagarde a
annoncé une augmentation du
plafond de ce PEPP de 600 milliards.
Il passera donc à 1.350
milliards d’euros. Ces achats
pourront se poursuivre jusqu’à
la mi-2021, avec réinvestissement
des titres arrivant à
échéance jusqu’à la fin 2022.attentes des investisseurs, qui
escomptaient une augmentation
du plafond, mais d’une
ampleur bien inférieure
(250 milliards). Sans cette décision,
les 750 milliards de plafond
auraient été atteints dès le
14 octobre au rythme actuel des
achats (234 milliards ont déjà
été dépensés), selon des estimations
de La Banque Postale AM.
L’ITALIE SOUSPERFUSION
Pour Arthur Jurus, chef économiste
de l’établissement suisse
Landolt Cie SA, « cette politique
monétaire dès cette semaine était
nécessaire pour être synchronisée
avec la politique budgétaire. La
Commission européenne a en effet
annoncé, fin mai, un plan de
750 milliards d’euros et un projet
de mutualisation des dettes publiques.
Or [...] cette initiative doit
disposer d’un soutien monétaire
pour être financée ». Celui-ci est
donc tout trouvé avec le geste
supplémentaire annoncé par
l’institution monétaire.
La BCE soutient déjà activement
les Etats européens. Elle a
acheté en deux mois pour
51,1 milliards d’euros d’obligations
de l’Etat italien, soit davantage
que le montant total émis
par Rome au cours de la même
période (49 milliards, selon les
calculs de la banque UniCredit).
Bien sûr, la BCE achète
sur le marché secondaire,
comme le lui imposent les
traités européens, mais cette
demande nette excédentaire
de titres facilite le placement
de papiers par le Trésor
italien. Cet effort
exceptionnel a permis de
stabiliser les coûts de financement
de Rome, mais pas
plus.
Certains stratégistes imaginent
qu’elle pourrait dans l’avenir
aller plus loin et s’autoriser à
acquérir des titres classés en
catégorie spéculative ( junk
bonds). Dès le 7 avril, elle a rendu
éligibles les obligations exclues
de la catégorie « investissement
» aux opérations classiques
de refinancement des
banques.
Il est vrai que la Banque centrale
s’attend à un choc économique
massif. Pour Patrice Gautry,
chef économiste de l’Union bancaire
privée, « ses vues sur l’économie
sont [...] beaucoup plus
pessimistes que celles du consensus.
En somme, la BCE n’a rien de
généreux, mais elle se prépare à un
très “gros temps?? économique et
politique ».
BERLIN RELANCE
Elle n’est pas la seule à agir, évidemment.
Le gouvernement
allemand a, lui aussi, annoncé de
nouveaux moyens de relance.
« L’Allemagne, de son côté, rajoute
130 milliards d’euros aux 250 milliards
déjà mis sur la table, sans
compter les 1.000 milliards de
prêts garantis, les 250 de reports
de taxes ou les 50 en cours de
négociation, détaille Véronique
Riche-Flores, présidente de RF
Research. Si nos calculs sont
bons, les dispositifs totalisent 46 %
du PIB allemand, dont 12 % hors
reports de taxes et financements »,
ajoute l’experte.
Dernier point important, la BCE
a pris note du jugement de la
Cour constitutionnelle allemande
« qui concerne le gouvernement
et le Parlement allemands.
Nous sommes confiants dans la
capacité à trouver une bonne solution.
Une bonne solution qui ne
compromettra pas l’indépendance
de la BCE », a explicité Christine
Lagarde. Des paroles d’apaisement
qui étaient attendues.
- PHILIPPE WENGER
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