La confiance reste de mise
mardi 06 avr. 2021, source : Investir, le Journal des Finances
La Bourse a déjà vécu deux confinements en France. Ces périodes
troubles n’ont pas empêché les actions de progresser, bien au contraire. Cette
troisième vague ne remet pas en question les perspectives de croissance.Il est difficile de résister à la tentation de se
remémorer le comportement des épargnants,
des investisseurs et des consommateurs
lors des deux premiers confinements
décidés en France pour en tirer des enseignements
à l’heure où nous entrons dans une troisième
période de « quarantaine ». « L’histoire ne se
répète pas, elle bégaie », a-t-on fait dire à Karl
Marx. Cela mérite une rétrospective.
Première réaction évidente,
de nombreux ménages,
faute de pouvoir
consommer et inquiets
pour l’avenir, vont épargner
encore davantage,
comme nous l’avions déjà
observé en mars, avril et
décembre 2020. Les Français,
qui mettent de côté
70 milliards d’euros en
moyenne chaque année,
ont économisé jusqu’à pour générer une épargne encore plus importante
qu’anticipé en ce début d’année. Elle pourrait
dépasser 140 milliards d’euros ! Encore une
fois, les Français vont se contenter de laisser une
bonne partie de cet argent sur leurs comptes courants,
sur leurs livrets, voire sous le matelas, les
trois « destinations » privilégiées en 2020.
Les ménages et, plus généralement, les investisseurs
vont aussi s’orienter
vers la Bourse. C’est en
effet le deuxième grand
enseignement de l’année
écoulée : le Cac 40 est parvenu
à progresser lors des
deux confinements de
2020. Durant le premier,
du 17 mars au 10 mai,
l’indice parisien a gagné
17 %, puis, au cours du
deuxième, du 29 octobre
au 15 décembre, 21 %. Chaque
fois, la baisse a eu lieu avant l’annonce de ces
restrictions sanitaires. La chute de l’indice a
même été historique avant le premier confinement
puisque le Cac 40 a alors dévissé de 36 %
en quelques semaines. La baisse s’est révélée
déjà beaucoup moins forte à l’automne (– 7 %) et
elle a été inexistante cette fois-ci. Cela ne veut
pas dire que le Cac 40 ne peut pas abandonner
5 % dans les jours qui viennent. Mais Wall Street
tient bon tant que les taux d’intérêt à dix ans ne
s’envolent pas au-dessus de 2 %, au risque, alors,
de faire plonger les valeurs technologiques,
allergiques à l’augmentation des rendements
obligataires. Les marchés américains, cela dit,
demeurent solides, car les Etats-Unis mènent
tambour battant leur campagne de vaccination.
Ainsi, 143 millions de doses ont déjà été injectées,
et 16 % de la population a été totalement
vaccinée, dont près de 50 % parmi les plus de
65 ans. Joe Biden a aussi annoncé que 90 % des
adultes américains seraient éligibles au vaccin
contre la Covid-19 d’ici au 19 avril. Parallèlement,
le plan de relance de 1.900 milliards de
dollars destiné à soutenir les ménages et les
entreprises est déjà en application. Le programme
d’investissement de 2.250 milliards
dans les infrastructures, détaillé cette semaine,
va lui aussi commencer à être exécuté.
Les Etats-Unis, avec leur
campagne vaccinale, mais
aussi la Chine, avec ses
mesures musclées, voire
dictatoriales, pour endiguer
la pandémie, ont pris
une longueur d’avance sur
l’Europe. Le Fonds monétaire
international estime
à un trimestre le retard du
Vieux Continent par rapport
aux Américains. Sa
croissance devrait être la vaccination montée en puissance.
Cela n’empêche pas l’indice de confiance économique
de la zone euro, calculé par la Commission
européenne à partir des résultats des enquêtes de
conjoncture menées dans chacun des Etats membres,
de progresser de façon significative et plus
que prévu. Pour le mois de mars, l’indicateur est
ressorti à 101, contre 96 attendu et 93,4 en février.
Ce regain de confiance ne permet pas encore de
retrouver le niveau de février 2020, mais les décideurs
se projettent déjà dans un monde vacciné.
Le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno
Le Maire, a réitéré le 29 mars la prévision de
croissance économique faite pour la France au
début de l’année : « Je maintiens le chiffre de 6 % en
2021. »
Le troisième enseignement de cette crise réside
dans le fait que, dès que les mesures sanitaires se
relâchent, le rebond économique est violent, ce
que les marchés financiers ont intégré.
Dans ce contexte, la Bourse devrait rester bien
orientée, même si nous ne sommes pas à l’abri de
quelques prises de bénéfices. De plus, l’essentiel
des entreprises du Cac 40 va payer les dividendes,
ce qui fera mécaniquement refluer l’indice de
quelques pour cent. Mais ce mouvement est totalement
neutre pour la valorisation des portefeuilles.
Concrètement, au-dessus de 6.200 points, nous
conseillerons de prendre quelques profits tactiques
sur les actions. En attendant, je recommande
de nouveau de veiller à détenir des
portefeuilles équilibrés, voire légèrement surpondérés
en sociétés en retard, dites « value »,
avec une préférence pour le secteur financier, la
construction et les matières
premières. Parallèlement,
je privilégie les
entreprises offrant une
croissance soutenue et
régulière, comme les technologiques.
A contrario,
les sociétés solides, à faible
croissance, et les cycliques,
bien valorisées, sont
à éviter dans le contexte
actuel
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